- Les chercheurs d’ESET ont analysé Dolphin, une porte dérobée jusqu’à présent inconnue, utilisée par le groupe de pirates ScarCruft.
- Dolphin possède de nombreuses fonctionnalités d’espionnage, notamment de surveillance des lecteurs et des appareils portables, d’exfiltration de fichiers d’intérêt, d’enregistrement des frappes de clavier, de capture d’écran et de vol d’identifiants dans les navigateurs.
- Elle est uniquement déployée sur des cibles sélectionnées. Elle parcourt les lecteurs des systèmes compromis à la recherche de fichiers intéressants et les exfiltre vers Google Drive.
- ScarCruft, également connu sous le nom d’APT37 ou Reaper, est un groupe d’espionnage qui opère depuis au moins 2012. Il se concentre principalement sur la Corée du Sud. Les cibles de ScarCruft semblent être liés aux intérêts de la Corée du Nord.
- La porte dérobée est le malware final d’une attaque menée en plusieurs étapes au début de l’année 2021, qui se compose d’une attaque dite de « point d’eau » sur un journal en ligne sud-coréen, l’exploitation d’une vulnérabilité d’Internet Explorer, et une autre porte dérobée de ScarCruft appelée BLUELIGHT.
- Depuis la découverte initiale de Dolphin en avril 2021, les chercheurs d’ESET ont observé de multiples versions et améliorations de cette porte dérobée, dont l’ajout de techniques pour échapper à sa détection.
- La possibilité de modifier les paramètres des comptes Google et Gmail connectés des victimes afin d’en réduire la sécurité est une caractéristique notable des versions antérieures de Dolphin.
Les chercheurs d’ESET, 1er éditeur Européen de solutions de sécurité, ont analysé une porte dérobée sophistiquée, jusqu’alors inconnue et utilisée par le groupe de pirates ScarCruft. Baptisée Dolphin par ESET, la porte dérobée dispose d’un large éventail de fonctionnalités d’espionnage, notamment la surveillance des lecteurs et des appareils portables, l’exfiltration de fichiers de valeur, l’enregistrement des frappes de clavier, les captures d’écran et le vol d’identifiants dans les navigateurs. Ses fonctions sont réservées à des cibles sélectionnées sur lesquelles la porte dérobée est déployée, après une compromission initiale à l’aide de malwares moins avancés. Dolphin détourne des services de stockage dans le Cloud, spécifiquement Google Drive, pour les communications de commande et de contrôle.
ScarCruft, également connu sous le nom d’APT37 ou Reaper, est un groupe d’espionnage qui opère depuis au moins 2012. Il se concentre principalement sur la Corée du Sud, mais d’autres pays asiatiques ont également été visés. ScarCruft semble s’intéresser principalement aux organisations gouvernementales et militaires, ainsi qu’aux entreprises de différents secteurs liés aux intérêts de la Corée du Nord.
« Après avoir été déployé sur des cibles sélectionnées, le malware parcourt les lecteurs des systèmes compromis à la recherche de fichiers de valeur et les exfiltre vers Google Drive. La possibilité de modifier les paramètres des comptes Google et Gmail des victimes afin de réduire leur sécurité, vraisemblablement pour maintenir l’accès au comptes Gmail pour les auteurs de la menace, est une fonctionnalité inhabituelle présente dans les versions antérieures de la porte dérobée, » explique Filip Jurčacko, le chercheur chez ESET qui a analysé la porte dérobée Dolphin.
En 2021, ScarCruft a mené une attaque de type « watering-hole » contre un journal en ligne sud-coréen consacré à la Corée du Nord. L’attaque se composait de plusieurs éléments, dont l’exploitation d’une vulnérabilité Internet Explorer et un shellcode menant à une porte dérobée appelée BLUELIGHT.
« Dans les études précédentes, la porte dérobée BLUELIGHT était décrite comme l’objectif final. Cependant, lors de l’analyse approfondie de l’attaque, nous avons découvert grâce à la télémétrie d’ESET, une seconde porte dérobée plus sophistiquée déployée sur des victimes sélectionnées via cette première porte dérobée. Nous avons nommé celle-ci Dolphin, d’après un chemin PDB trouvé dans l’exécutable, » explique M. Jurčacko.
Depuis la découverte initiale de Dolphin en avril 2021, les chercheurs d’ESET ont observé de multiples versions de cette porte dérobée, comprenant des améliorations et des techniques pour échapper à sa détection.
Tandis que la porte dérobée BLUELIGHT effectue une reconnaissance de base et une évaluation de la machine compromise après infection, Dolphin est plus sophistiquée et se déploie manuellement uniquement sur des cibles sélectionnées. Les deux portes dérobées sont capables d’exfiltrer des fichiers à partir d’un chemin spécifié dans une commande, mais Dolphin parcourt également activement les lecteurs et exfiltre automatiquement les fichiers ayant des extensions intéressantes.
La porte dérobée collecte des informations de base sur la machine ciblée, notamment la version du système d’exploitation, la version du malware, la liste des produits de sécurité installés, le nom de l’utilisateur et le nom de l’ordinateur. Par défaut, Dolphin parcourt tous les lecteurs fixes (disques durs) et non fixes (USB), crée des listes de dossiers, et exfiltre les fichiers selon leur extension. Dolphin recherche également les appareils portables, tels que les smartphones, via l’API Windows Portable Device. La porte dérobée vole les identifiants dans les navigateurs. Elle est également capable d’enregistrer les frappes et de faire des captures d’écran. Enfin, elle place ces données dans des archives ZIP chiffrées avant de les téléverser sur Google Drive.
Pour plus d’informations techniques sur la dernière campagne du groupe de pirates ScarCruft, consultez l’article « Who’s swimming in South Korean waters? Meet ScarCruft’s Dolphin » sur WeLiveSecurity. Suivez l’actualité d’ESET Research sur Twitter.
Darina SANTAMARIA - +33 01 55 89 08 88 - darina.j@eset-nod32.fr
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